Quand réhabilitation rime avec sobriété énergétique

En flânant dans les rues de Montignac, il est frappant de constater la coexistence harmonieuse entre les demeures Renaissance, les maisons à pans de bois et des équipements contemporains réhabilités avec soin. Depuis les années 2010, la commune s’est engagée dans une politique de rénovation de ses bâtiments publics et de logements sociaux. La priorité donnée à l’isolation renforcée (laine de bois, ouate de cellulose sur les panneaux de toitures), la récupération d’eaux de pluie pour l’entretien des espaces verts, et la pose progressive de menuiseries certifiées basse consommation sont autant de gestes concrets. La rénovation de la salle des fêtes, achevée en 2017, illustre cet esprit : toiture végétalisée de 320m², éclairage LED à détection de présence, systèmes thermiques régulés. Cette opération, menée en partenariat avec le cabinet Artech (spécialisé en écoconstruction rurale), a permis de réduire de 38% la facture énergétique annuelle du bâtiment (chiffre obtenu lors du premier bilan dressé en 2019 par la commune). Un exemple suivi par la crèche municipale, dont l’extension, en 2022, utilise des matériaux biosourcés issus de filières locales.

Valorisation des mobilités douces : bien plus qu’une simple piste cyclable

La transition écologique passe aussi par la question de la mobilité. À Montignac, où la majorité des rues sont médiévales et parfois étroites, la voiture n’a pas toujours le dernier mot. Dès 2018, la commune a intégré un plan “cœur de ville apaisé”, en réponse à l’étude d’usages commandée au cabinet SCE, lauréat du plan « Action Cœur de Ville ». Voici, en quelques points, les axes phares de cette initiative :

  • Création d’un réseau cyclable sécurisé de 3 km, reliant les écoles, la mairie et le parvis de l’église Saint-Pierre-ès-Liens. Le stationnement vélo, jadis anecdotique, compte aujourd’hui une douzaine de points fixes, dont deux abris couverts.
  • Expérimentation de zones 20 et 30 km/h, notamment dans la rue de Juillet et le quartier des égoutiers, qui ont vu une diminution de 25% des flux automobiles entre 2018 et 2023 (source : rapport municipal, 2023).
  • Lancement de “Montignac à pied”, une carte interactive recensant les traversées piétonnes, les fontaines et les bancs publics – des éléments parfois secondaires, mais essentiels à la redécouverte piétonne du centre-ville.

Une anecdote locale revient souvent : certains enfants du groupe scolaire Simone Veil, qui vivaient à la périphérie, ont initié des trajets en “cortège” vélo avec les enseignants, inaugurant, à la rentrée 2022, le premier “biclou-bus” du département (source : Sud-Ouest, octobre 2022). Un petit pas symbolique qui en dit long sur l’évolution des mentalités.

Gestion raisonnée de l’eau et protection des milieux : les rives comme laboratoire

Impossible de parler de Montignac sans évoquer la présence omniprésente de l’eau. La rivière Vézère façonne à la fois l’économie, l’histoire, mais aussi les choix urbanistiques actuels. De nombreuses crues chroniques (notamment 2010 et 2021) ont poussé la commune à revoir son mode de gestion :

  • Création de bassins de rétention et de noues filtrantes, sur les nouveaux parkings de la rive droite et autour du centre administratif. Ces aménagements, végétalisés, limitent le ruissellement et favorisent l’infiltration tout en reconstituant un corridor écologique pour les insectes pollinisateurs.
  • Mise en place d’une stratégie « zéro phyto » depuis 2019 sur l’ensemble des bords de Vézère et des espaces verts municipaux : une réduction claire de la pollution des eaux de surface a été observée, avec un taux de glyphosate mesuré dans la rivière « inférieur au seuil de détection » par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne en 2021.
  • Restaurations de berges associant chantiers participatifs et techniques douces : plessis, bouturage de saules et hélophytes pour stabiliser les sols et préserver la biodiversité.

C’est aussi au fil de la Vézère que Montignac a expérimenté ses premiers « hôtels à insectes » et nichoirs pour chiroptères (chauves-souris) qui participent à l’équilibre écologique local, dans le cadre du programme "Trame Verte et Bleue" porté par la région Nouvelle-Aquitaine.

Patrimoine rénové, patrimoine vivant

En pleine vallée de l’Homme, le mot “patrimoine” prend à Montignac une tonalité particulière. Il s’agit non seulement de préserver l’architecture mais aussi de la rendre vivante et moins énergivore. Un projet emblématique a vu le jour sur la rive droite : la transformation des anciennes Halles, mêlant pierre, bois local et baies largement vitrées pour faire entrer la lumière. Ce lieu accueille désormais la médiathèque et un espace de coworking, chauffé grâce à une pompe à chaleur géothermique puisant sous les anciens remblais médiévaux. Dans cette même logique, la commune promeut auprès des propriétaires la rénovation « par le haut » plutôt que la construction neuve, via l’Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat (OPAH) : entre 2014 et 2021, 140 logements privés ont fait l’objet d’une réhabilitation énergétique accompagnée de primes énergie régionales (source : CA Périgord Noir). Un plâtrier local raconte que pour la première fois, la moitié de ses chantiers en 2023 visaient la restauration écologique (chaux, liège, fibres végétales).

Innovation sociale et lien avec les habitants : la transition se partage

À Montignac, l’innovation urbaine ne se conçoit pas sans la participation active des habitants. La charte municipale « Agir pour un urbanisme durable » (adoptée en 2020, consultable sur le site officiel de la mairie) prévoit :

  • Des ateliers publics pour co-concevoir les nouveaux quartiers, dont le dialogue sur la revitalisation du lotissement du Parc de Jor, où riverains, architectes et élus se retrouvent pour dessiner la future aire de jeux ou choisir les essences destinées à la replantation.
  • Le budget participatif : 10 000 € alloués chaque année à des projets éco-citoyens (récupérateurs d’eaux pluviales, micro-jardins partagés, plantation de fruitiers), avec vote lors du forum des associations.
  • Concertation sur l’usage des espaces d’éco-pâturage : depuis 2021, un berger urbain fait paître brebis et chèvres sur une friche communale, et sensibilise enfants et familles aux enjeux de la biodiversité urbaine (source : France Bleu Périgord, juin 2023).

Cette façon de coconstruire la ville, d’écouter ceux qui la vivent, s’incarne jusque dans le choix des matériaux ou la palette végétale des jardins publics. Ainsi, les collections de roses anciennes au parc du Château contrastent, à dessein, avec les massifs de graminées ou les micro-forets plantées dans les nouveaux espaces en périphérie.

Économie locale et circuits courts dans l’approche urbaine

Le développement durable à Montignac ne s’arrête pas à la technique : il irrigue aussi l’économie locale, notamment à travers la priorité donnée aux circuits courts dans les chantiers publics. Les chiffres du dernier marché public (2023) montrent que 67% des entreprises sélectionnées pour les rénovations et aménagements urbains étaient issues du bassin Périgord Noir – maçons, menuisiers, pépiniéristes, mais aussi fabricants de « mobiles urbains » en châtaigner. De même, plusieurs espaces publics, tels le jardin du presbytère ou les abords de la salle des sports, sont entretenus en partenariat avec des producteurs de plantes vivaces installés à moins de 30 km. Cette approche vise à limiter l’empreinte carbone du transport, mais surtout à renforcer un tissu économique et humain fidèle à la tradition montignacoise, ouverte et solidaire.

Au fil du temps et de la Vézère : une dynamique à suivre

Si Montignac n’affiche pas les ambitions spectaculaires de certaines métropoles, sa démarche patiente et collective façonne une autre idée de la modernité : prendre soin de son territoire, en alliant innovation et mémoire, pragmatisme et poésie. À l’heure où la ruralité s’invente de nouveaux horizons, la commune pose les jalons d’un développement urbain où l’humain, l’eau, la pierre et le vivant marchent d’un même pas – sur les rives attentives de la Vézère.

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