Lascaux, mais encore et pour terminer
Guillaume Colombo signale que, bien que connaissant le projet dans le détail, est encore surpris de l’efficacité de la scénographie de l’agence Casson Mann. Les déplacements, les ambiances, l’utilisation des particularités architecturales, à côté de l’usage des technologies numériques, produiront une « expérience remarquable » selon les termes de la communication. Il faudra en juger sur pièce, mais au vu de ce qui était présenté, on peut être assez confiant sur cette anticipation. Informatique, Wi-fi, RFID, une multitude de technologies seront mises en œuvre pour accompagner le visiteur, lui fournir des informations localisées dans sa propre langue. Les entreprises qui ont participaient à la réalisation de ces technologies, pour celles que nous avons pu identifiées, sont : Axyz de Bordeaux, Sonovision de Meudon et L’Atelier 144 de Paris, par contre il est difficile d’attribuer aux uns et autres ce qui leur revient.
En contrepartie de cette débauche de technologie, le même guillaume Colombo a relaté les réactions d’émotion de Japonnais, pourtant habituellement fort réservé. Devant de simples documents papier ou un Power-Point, certains avaient les larmes aux yeux, voire pleuraient même, c’est dire l’image que véhicule Lascaux.

Architecture
Le bâtiment se confond avec la colline sur laquelle il est adossé, il simulera l’entrée sous Terre. Il a était conçu en fonction de contraintes lourdes, il ne fallait pas altérer l’eau du sous-sol, celle-ci alimente Montignac, ensuite il est positionné juste au contact de la colline, mais sans qu’aucun arbre n’ait dû être coupé. Fait de béton et de verre, les surfaces bétonnées de la façade et de la faille sont zébrées de discrètes variations de surface devant symboliser les couches géologiques.

Premier élément remarquable, sa façade de plus de cent mètres de large sur huit de hauteur qui mime une ouverture dans une falaise évoquant celles que l’on retrouve dans la vallée. Elle est réalisée en porte à faux, sans aucun poteau pour la soutenir, et cela sur une grande largeur. Le vitrage ne comporte que de mince menuiserie, mais comme l’aménagement de cette partie n’est qu’esquissé, on ne peut juger actuellement de l’impression que ressentira le visiteur dans l’immense hall d’entrée.

La faille centrale est l’un des trois arguments remarquables de cette conception, même si le mobile qui a présidé à sa genèse est fallacieux : une déchirure tectonique, sachant que nous sommes ici dans un secteur où risque sismologique particulièrement réduit. Aucune des parois n’est verticale et leur inclinaison n’est pas homogène, produisant une sensation de mouvement. Ces parois ont été coulées en une seule opération.
La toiture végétalisée enfin, dernier élément de cette trilogie, est recouverte avec la terre du lieu qui avait été mise en réserve le temps des travaux. Cette terre a été déposée sur le toit à l’aide de grues et de sacs de toile, aucun gros engin ne pouvant rouler sur cette surface. Par contre, les flancs ont été rapidement enterrés avec des bulldozers. Les dernières surfaces libres sont en cours de mise sous terre, il avait été prévu un moment de planter à l’automne des arbustes autochtones.
Lascaux II
Le premier de tous les facsimilés ne va pas fermer, contrairement aux craintes, il sera valorisé. Le côté intime de ce site sera accentué, un seul groupe uniquement poura le visiter et, si rien n’a changé depuis quelques mois, ces groupes resteront plus longtemps sur place. L’accès à la colline de Lascaux sera limité et réservé aux piétons ou à des navettes électriques entre Lascaux IV et Lascaux II.
Pour les piétons et les randonneurs, un « Chemin de la mémoire » va être balisé depuis le centre de Montignac. On connait déjà le circuit qui passait par la rue du Barry, avant d’emprunter la route de la Chapelle-Aubareil et de bifurquer sur la droite, au niveau du carrefour vers Lascaux. Il se pourrait que l’aménagement soit en partie réalisé, voir sur les photos ci-dessous.
Lascaux III
L’exposition itinérante Lascaux III était programmé pour fonctionner jusqu’en 2017 et se terminer au Japon. À la suite de plusieurs demandes, ce parcourt va continuer au-delà de cette date. Cette exposition est loué par les collectivités qui l’exposent et le tarif de celle-ci avait été calculée afin d’équilibrer l’opération. Si des dates sont ajoutées, ce qui semble le cas, le département, initiateur et financeur de l’opération, sera donc bénéficiaires.

Doper le tourisme
Avec et autour de Lascaux, des investissements ont déjà été effectués, nous en avons déjà parlé ici et nous n’avons pas traité de ce qui existait en dehors de Montignac, parfois discrètement. Des projets plus ou moins modestes se sont concrétisés, de plus importants sont en bonne voie, un bilan régulier s’impose, nous essaierons d’en faire état.
Cela sera-t-il suffisant pour améliorer l’économie de ce département, il est trop tôt pour l’affirmer, c’est un pari qu’il serait bon de gagner. Ce n’est pas les cinquante emplois directs qui vont changer la donne, sachant que d’autres emplois disparaissent avec la clôture du chantier. Un accroissement des embauches dans l’hôtellerie et la restauration est prévisible, à quelle hauteur ? Les commerces locaux vont en profiter, mais sur une large zone, au moins tout le Périgord noir, même Brive essaie de se placer.

D’autres photos de cette visite ici, et des photos des étapes intermédiaires (dont certaines ne sont pas encore en ligne).